On sait que les thèmes de prédilection de Sergio Kokis — l’errance, l’exil, la mélancolie — ont donné lieu jusqu’à maintenant à des sommes narratives imposantes, propices à l’analyse psychologique et philosophique, comme dans Errances ou, plus récemment, dans Le retour de Lorenzo Sánchez. Avec la nouvelle, l’écriture de Kokis gagne en concision. Nous découvrons, dans son recueil, un style moins introspectif ainsi que des personnages riches et complexes campés dans des histoires captivantes et originales. Le Brésil et l’Amérique latine y sont encore les lieux de mille et une fabulations ; le Nord, le lieu de la maturité, de l’expérience et, parfois, de la déception. D’une certaine manière, Dissimulations fait la synthèse de l’oeuvre littéraire de Kokis. Le recueil est structuré selon la même division que celle des romans : entre le passé et le présent en lien avec l’exil. À l’exception qu’ici, l’errance existentielle est fragmentée en quinze nouvelles et disséminée dans plusieurs personnages et actions. Cela change bien sûr la perspective, qui est pour ainsi dire décentrée. La prose, elle, est tout aussi truculente. (Extrait de la présentation d’un entretien avec Nicolas Tremblay paru dans XYZ. La revue de la nouvelle en novembre 2010)
Extrait
« Ces étagères ont été conçues pour abriter les oeuvres des écrivains qui m’ont fasciné. À quelques très rares exceptions, des écrivains qui sont mes concitoyens. Ceux de mon temps aussi bien que ceux du passé. Je connais personnellement la plupart d’entre eux et je sais qu’ils m’admirent et qu’ils me sont reconnaissants. Comme vous pouvez le constater, cette collection n’est pas très nombreuse. Mais elle est parfaite. La perfection ne se laisse jamais confondre avec la profusion, bien sûr. Pour chaque écrivain, je possède les oeuvres complètes, toujours les premières éditions. Je les fais relier en cuir pour que le texte précieux se trouve enveloppé dans un écrin correspondant à sa valeur. C’est ma manière de rendre hommage aux livres qui méritent de passer à la postérité. Dans un monde comme le nôtre où l’on publie n’importe quoi, avouez-le, c’est un travail digne d’un ascète. Un travail indispensable à la culture, celui de la préservation et de la transmission des oeuvres essentielles. »