Sergio Kokis, Le pavillon des miroirs, roman, collection « Prise deux », septembre 2010, 352 p., 17 $, ISBN: 978-2-923844-06-0 (édition papier).
Un roman puissant !
La réédition du premier grand roman de Kokis récompensé par quatre prix littéraires et acclamé par la critique et les lecteurs.
Sergio Kokis a connu une enfance tumultueuse au point d’être placé en maison de redressement pour cause de vagabondage. Malgré tout, il poursuit ses études, fréquente les Beaux-Arts, se prépare même aux examens d’entrée en médecine. Militant de gauche, il est arrêté. L’État militaire l’accuse de « crimes contre la sécurité nationale ». Il s’enfuit du Brésil et se rend en France. De là, il pose sa candidature à un poste de psychologue à l’Hôpital psychiatrique de Gaspé ; il y demeure quelque temps, puis s’établit à Montréal où il fait un doctorat en psychologie et travaille à l’Hôpital Sainte-Justine.
Dans Le pavillon des miroirs, Kokis raconte son enfance et sa jeunesse vécues dans un quartier défavorisé, mais combien haut en couleur, de Rio de Janeiro, et sa vie d’immigré, d’exilé au Québec. Un récit puissant écrit par un grand romancier.
Extrait
« Je suis encore petit. Lili aime se frotter contre moi l’après-midi quand on fait la sieste. Elle ôte ses culottes qui sentent fort en disant que c’est parce que le bébé a fait pipi dessus. C’est bon et irritant à la fois ; je me laisse faire sans protester. Je la trouve jolie, ma petite tante, surtout lorsqu’elle ne se fâche pas, qu’elle soupire et me serre entre ses jambes moites. La chaleur de la chambre fermée et une fatigue étrange me poussent vers le sommeil. Ça sent le bébé qui dort, la sueur et les culottes de Lili. Lorsque je me réveille, qu’elle n’est plus là, je ne me souviens de rien. Seules les odeurs persistent, mélangées à celle de la moisissure qui envahit les murs. Le soleil frappe de biais les battants fermés des jalousies et tisse des raies brillantes de poussière dans la pénombre humide. Très forte envie de pisser. Le même jeu se répète presque tous les jours ; ensuite je me lève las, paresseux. »