L’amour et la mort dans le Lisbonne du Fado
« Il arriva presque sans le souffle à cause de la longue course et la demanda. La patronne de la pension de famille Ao Fado Cinzento lui répondit :
— Mlle Matilda est partie ce matin. Avec ses valises, en direction de l’aéroport.
Il se borna à la regarder en silence, visiblement saisi par cette nouvelle mais pas très surpris.
— Sans autre explication, continua la patronne. Elle a réglé sa note et est partie…
— Pas de lettre pour moi ? demanda-t-il d’une voix rauque.
— Non, monsieur Joaquim; elle n’a rien laissé. […]
Il demanda des détails, le regard perdu en direction de la fenêtre.
— Oui, monsieur Joaquim, elle paraissait très bouleversée. Hier soir, je l’ai vue pleurer, et je crois qu’elle a passé une partie de la nuit debout, à fumer. Son cendrier était plein ce matin quand je suis allée faire sa chambre. Sans aucune explication, sinon qu’elle devait partir immédiatement, qu’il le fallait. Que ce n’était pas la peine de lui réserver la chambre pour son retour. […]
Il hésita, comme s’il était contrarié par une idée quelconque qui lui passait par l’esprit, mais garda le silence tout en restant planté là, devant la réception de la pension.
Je repartirai quand tu ne voudras plus de moi. »