« On peut tricher, mais certaines tricheries sont dangereuses. » (Sergio Kokis) Max Willem, talentueux jeune peintre figuratif montréalais, passionné d’anatomie, nage à contre-courant de la tendance dominante au tournant des années soixante-dix : l’art abstrait. Le besoin d’argent, entre autres pour financer son séjour dans une école newyorkaise, l’amène à faire ses premiers faux qu’il vend avec succès, des Marc-Aurèle Fortin et des René Richard. Par la suite, il exécutera toute une série de Egon Schiele. Recruté par le méphistophélique Sammy Rosenberg, collectionneur de tableaux et patron d’une « entreprise » de contrefaçon aux ramifications internationales, Max part s’installer à Anvers — espérant amasser assez d’argent pour enfin, un jour, faire sa propre peinture — où il travaille avec maître Guderius et devient un faussaire de haut calibre. Toutefois, il ne tarde pas à réaliser qu’il a mis le doigt dans un engrenage dont il aura peine à s’extirper. « Pourquoi ne me suis-je pas méfié ? Cette question ne cesse de me hanter depuis que j’ai tout découvert. »
Extrait
« J’ai amplement le temps de réfléchir, mais je ne sais pas par où commencer. Son conseil de continuer à copier les maîtres anciens, à la recherche de leur secret englouti, ne m’est d’aucun secours. J’évite même de regarder les reproductions dans les livres d’art, car j’ai peur de me perdre davantage. De toute façon, je peux imiter à merveille et sans aucun effort les maîtres que j’admire. Mon problème serait plutôt celui de me retrouver moi-même, le Max Willem d’autrefois, celui du temps d’avant les contrefaçons et les mensonges. »