« Les cordes sont aussi pleines de départ. C’est durant la première semaine de juillet que je fais mes deuils. Les déménagements bouleversent l’allure de mes cordes. Combien de fois ai-je vu du linge disparaître, ne laissant au ciel que les vêtements de l’autre ? Un homme manquait alors qu’il était présent la semaine d’avant, ou une corde semblait dévêtue de toute féminité.
Il arrive que les chagrins d’amour se pendent aux cordes à linge. »
Campé dans le quartier populaire de Saint-Sauveur à Québec, ce roman par nouvelles de Lyne Richard raconte les hauts et les bas d’une petite communauté aux prises avec les aléas de la vie : une femme abandonnée, mère d’un petit garçon, finit par se suicider, un clochard passe et se réjouit de trouver une boîte de papier-mouchoirs intacte dans une poubelle, un sculpteur tombe amoureux d’une inconnue et, tel Pygmalion, la modèle et la remodèle sans cesse. À l’horizon se dressent les cordes à linge de la Basse-Ville, tels de révélateurs des destins croisés et contrastés que Richard raconte avec le doigté, la poésie et la finesse qu’on lui connaît depuis Il est venu avec des anémones.