Véronique Bossé, Vestiges, nouvelles, collection « Réverbération », août 2014, 182 p., 24 $. ISBN : 978-2-924186-54-1 (édition papier) • 978-2-924186-55-8 (édition numérique).
« Tout tient par la peur maintenant, je ne sais m’accommoder de la fragilité. Je brise les choses avant de les avoir entre les mains. J’annihile les possibilités de vie. Je recrée l’équilibre entre les souvenirs acceptables ou décents et ceux qui me rongent, dans l’esprit des autres aussi bien que dans le mien. Je suis otage du noir, indigne de vivre comme de mourir. Je cherche un abri où je pourrai souffrir en paix, où le temps s’arrêterait assez longtemps pour que je me remette en état. » (Extrait de la nouvelle « Archives »)
Une préoccupation unit les personnages de Vestiges : celle de la trace. Qu’ils cherchent à les nier, à les altérer, à les effacer ou, au contraire, à les préciser et à les imprimer, les protagonistes des onze nouvelles prennent conscience de l’importance des empreintes qu’ils laissent derrière eux, en eux, sur eux — marques corporelles ou matérielles, souvenirs ou évocation virtuelle — et qui attestent de leur passage autant qu’elles rappellent leur impuissance et leur fragilité. Graves ou humoristiques, réalistes ou empreints de poésie, ces récits abordent des questions intemporelles ou propres au monde contemporain. L’univers de Véronique Bossé n’est pas gentil, rassurant : les vestiges sont autant d’oeuvres que de ruines, ce qu’il reste quand cesse le burinage ou l’effacement devant le constat de l’inéluctable.