Style, sport et humour !
Voilà les éléments de la réussite de ce roman… fragmenté.
L’univers de Renald Bérubé est avant tout ludique. Avec ce roman, il retrouve et partage avec nous le plaisir qu’il avait à jouer au baseball et au hockey dans son enfance et sa jeunesse en Salmonie. Amateur de sports, l’écrivain s’en donne à coeur joie : ses souvenirs, réels ou inventés, sont racontés de façon humoristique, avec de longues digressions truculentes, et sont truffés de statistiques ou d’anecdotes savoureuses sinon graves autant sur les équipes que sur les joueurs. Sur notre monde et le sien.
L’auteur a du style, une écriture novatrice et foisonnante. Au cours de la dizaine de chapitres-fragments, il « entraîne » son lecteur sur un terrain de baseball ou sur la glace et il l’entretient de ses fantasmes d’écrivain à l’imaginaire débridé. De ses fantasmes de lecteur impénitent aussi, qui le mènent de Shakespeare ou Marie-Eugénie Saffray à Faulkner et Aquin jusqu’à… aujourd’hui.
Extrait
« Alors, ayant longuement marché afin de mieux réfléchir, car la marche, surtout en hiver par temps froid et sec, le tonifiait, fournissait comme un rythme nécessaire qui stimulait ses pensées, les ordonnait ; ayant ensuite longuement tourné en rectangle, forcément, autour de la table de ping-pong qui occupait une vaste partie de son sous-sol, car il aimait jouer à grande distance de la table, il finit par aller s’asseoir à son bureau. Pour continuer à réfléchir, sans doute. Ou à tourner en rond, peut-être. Devant lui, papier, stylos et clavier qu’il regardait ou fixait, allez savoir, sans doute sans trop les voir, allez donc savoir.
Le fantasme. À vrai dire, le sujet dont il devait faire une nouvelle, un poème ou un essai — un texte, disons — le fascinait et l’embêtait tout à la fois, sans qu’il puisse bien distinguer entre fascination et embarras. Il lui semblait même, pour être parfaitement honnête, que ce dernier, l’embarras, y était pour une bonne part dans l’attraction exercée par le sujet proposé. Où, quand, comment commence le fantasme ? Quand est-ce que je (qui est un autre, ça rassure de le savoir, merci Arthur) fantasme ? »